dimanche 27 décembre 2015

La lumière et l'ombre

Tu veux aller vers la lumière ?
Sors de l'ombre.

Tu veux voir la vie en rose ?
Change ton regard.

Tu veux te faire comprendre ?
Ne crie pas à tue-tête.

Tu crois exister par ton corps ?
Ce n'est qu'une illusion.

Tu cherches à donner un sens à ta vie ?
Sois bon en tout temps.

Tu voudrais te libérer de tes mauvaises habitudes ?
Coupe les liens.

Tu cherches la vérité dans un livre ?
Cherche-la plutôt en toi-même.

Tu blâmes les autres pour leurs défauts ?
Commence par corriger les tiens.

Tu cherches la paix de l'esprit ?
Cherche-la dans l'affection et la compassion.

Tu en veux aux autres pour ce que tu es ?
Tu es le seul responsable de tes actes.

Tu veux mettre de l'ordre dans le monde ?
Commence par en mettre dans ta vie.

Tu voudrais être heureux ?
Tu construis toi-même ton bonheur ou ton malheur.

Tu crois que ta valeur est dans ce que tu possèdes ?
Non!, elle est dans ce que tu es.

Tu rumines le passé et tu crains l'avenir ?
Reste dans la simplicité de l'instant présent.

Tu veux changer les gens ?
Montre-leur le bon chemin et donne-leur envie de l'emprunter.

Tu trouves que le temps passe vite ?
Le temps s'accélère à mesure que tu approches de la fin.

Tu crois que le courage est dans l'absence de la peur ?
Non, il est dans la capacité de vaincre la peur.

Tu te demandes : Quand vais-je mourir ?
Tu as déjà commencé, ce n'est qu'une question de temps.

Tu voudrais être reconnu par un geste spectaculaire ?
N'oublie pas que les petites gouttes d'eau, en s'ajoutant, deviennent la mer.

– Pensées de Jean-Claude St-Louis

lundi 21 septembre 2015

Ode à mon lymphome

Moi qui jamais n’aurais pensé avoir pour compagnon un lymphome
Ayant jeté très jeune mon dévolu sur des compagnes nymphomes
Voilà qu’aujourd’hui cette vilaine opportunité malgré moi m’échoit
Et croyez-moi, chers amis que ce n’était pas du tout mon choix !

Moi pour qui la vie pendant longtemps a été une douce sinécure
Voilà qu’aujourd’hui je suis astreint à subir une bien longue cure
Astreignante, contraignante, exigeante, pénible et surtout fatigante
Qui fait de moi un homme diminué à la mine assez peu élégante.

Alors, privé de sorties pendant cette période de soins en hématologie
Car plus de piscine, plus de plage, pour six mois serai confiné au logis
Plus de de bains de foule, plus de bénévolat à l’école avec les enfants
Jusqu’au jour ou libéré de mes fâcheux follicules je serai triomphant.

Pour soulager mes douleurs je n’avais que l’endorphine d’Aphrodite
Faudra-t-il maintenant que je me résigne aux médecines interdites
Devrai-je m’habituer pour longtemps à ces stéroïdes anabolisants
Qui doivent renforcer mon corps grâce à leurs effets immunisants.

Bien qu'il ne me faille espérer, dit-on, qu'une longue rémission
Je n'ai pas l'intention, sachez-le, à la vie de donner ma démission​!
Moi qui toujours ai su surmonter les pires calamités et ne sait que rire,
Il n'est point question qu'aujourd'hui j'apprenne à bientôt mourir!

– Poème de Michaël Adam

samedi 13 juin 2015

Je ne bégaie pas quand j’écris

Quand enfant je rentrais de l’école, je demandais souvent à ma mère pourquoi je bégayais. Elle me répondait toujours : « Tu ne bégaie pas, tu hésites. » Si cela atténuait mon angoisse, cela ne m’aidait en rien à faire face à mes camarades qui, comme on peut s’en douter, ne saisissaient pas la nuance entre un bègue et un… hésiteur ! Aussi avais-je droit quotidiennement à toutes sortes de blagues comme, par exemple, celle-ci : « Eh Dany, as-tu une minute ? J’aimerais te parler une seconde… » En classe, histoire d’éviter les rires des camarades, je me taisais autant que possible. Bien entendu, quand l’enseignant me pointait du doigt pour m’interroger, j’étais saisi de terreur pendant quelques secondes avant de répondre… Heureusement, la plupart des mes professeurs faisaient preuve d’empathie… au point que l’un d’entre eux, je me souviens, ne m’interrogeait jamais !

Oui, je sais, cela vous fait sourire… et je ne m’en formaliserai pas ! Tout comme je ne m’en formalisais pas trop quand on me lançait ce genre de vannes en ma jeunesse. Après tout, j’étais bègue. Par ailleurs, dans ma vie de bègue, j’ai appris très tôt à mépriser ces gens-là, les jugeant indigne de mon amitié. Jamais aucun d’entre eux n’est devenu mon ami. Exagérément, sans doute, je les rayais mentalement de la carte de l’humanité, convaincu qu’aucun de ceux qui se moquaient de moi, qui s’amusaient à m’imiter, n’arriverait à quelque chose de valable dans la vie. Bref, mon mépris agissait en moi comme une arme silencieuse, certes, mais très efficace pour le maintien de mon estime de moi.

En fait, ce qui m’a toujours attristé dans ce handicap a peu de choses à voir avec les blagues qu’on pouvait me faire à l’occasion. Généralement, je n’y portais pas trop attention, compte tenu que ceux qui les faisaient n’avaient guère d’importance à mes yeux et, qui plus est, ne faisaient pas partie de mes amis. Non, ce qui me chagrinait le plus concernait l’air idiot que le bégaiement m’apportait. Car vous pouvez bien penser ce que vous voulez, un gars qui bégaie n’a jamais l’air intelligent… Et je vous prie de croire que cela constitue sans aucun doute le handicap majeur du bègue… et ce, tant dans sa vie professionnelle que personnelle.

Prenons les filles, par exemple. Comment pensez-vous qu’un bègue s’y prend pour approcher une fille ? Il ne l’approche pas, c’est tout… car le désir social, toujours médiatisé, défavorise le bègue. Dans la mesure où on désire ce que socialement on nous montre comme désirable, les chances qu’une jeune fille porte son attention sur un bègue s’avèrent plutôt minces. Aussi ai-je mis beaucoup de temps avant de sortir avec une fille… comme j’ai mis du temps à asseoir ma situation professionnelle.

Honnêtement, je ne m’en suis pas trop mal sorti dans la vie, notamment en raison d’une découverte essentielle que j’ai faite assez tôt dans mon adolescence : je ne bégaie pas quand j’écris. Au siècle de l’image, moi j’ai privilégié l’écrit… C’est ce qui m’a permis d’obtenir de bons résultats à l’école, de réussir le concours d’entrée dans la fonction publique et, bien entendu, de me faire ma première copine… parce que, tout simplement, quand je tombais amoureux d’une fille, ne pouvant pas lui parler sans risquer de tout foutre par terre avec l’air idiot du bègue, je lui écrivais… Ma première « vraie » copine (par vraie, j’entends « fréquentation sur une base régulière »), je l’ai eue à un âge où mes amis en avaient depuis plusieurs années déjà. Je l’ai conquise en glissant une lettre sous la porte de sa chambre. (Nous vivions alors à plusieurs dans un ancien presbytère.) Dans cette lettre, je lui avouais mes sentiments, bien entendu. Le soir, en rentrant à la maison, elle a frappé à ma porte et, avec un large sourire, m’a dit : « Moi aussi »

À l’instar de tous ceux qui vivent avec un handicap, le bègue trouve en lui un moyen de contournement pour avancer dans la vie. Certains, comme le héros duPetit Bonzi, dressent une liste de mots alternatifs sur lesquels ils ne butent pas. D’autres recourent à d’autres moyens. Pour ma part, je l’ai fait à ma manière de sorte que ce handicap n’a pas été un obstacle à mes réalisations. Et je suis aussi heureux et malheureux que la plupart d’entre vous. Ça dépend des jours, quoi…

- Billet de Daniel Ducharme

lundi 20 avril 2015

Rien n’est moins aisé

Rien n’est moins aisé
Que d’écrire
Simplement
Humblement
Il faut un art infini
Pour paraître
Balbutier
L’eau qui bruit doucement
Limpide calme sereine
Légèrement sévère
Sous sa feinte candeur
Possède
Mille artifices

- Poème d'Aymeric Brun

dimanche 12 avril 2015

L'amour virtuose



Au loin déjà, les barques muettes
Baisent tout l’or assoupi des eaux.
O lune pleine entre les roseaux !
Tremblant d’aimer nos deux silhouettes.

Comme en bijou l’extase qui vient
A la nuit blonde, accole ses lèvres,
Et comme flotte avec d’amples fièvres
Un absolu presque diluvien.

Quelle touffeur mêlée à l’espace !
Il fait si chaud, même après minuit.
Ton parfum clair, ma belle de nuit,
Devant mon cœur, et passe… et repasse…

La longue berge ineffablement
Voit s’élever des caresses d’ailes,
Et l’onde mauve aux larmes fidèles
Sans cesse dit notre enchantement.

Eveils soyeux, libre apothéose ;
Nous devenons ce que l’homme fut :
Une harmonie, un songe à l’affût
Que baigne ici l’amour virtuose.

- Poème de Thierry Cabot, extrait de La Blessure des mots

dimanche 22 février 2015

La Huitième Couleur : Les Annales du Disque-monde, Tome 1 (Terry Pratchett)

Je n'avais jamais lu un roman associé au genre fantasy avant aujourd'hui. Je ne sais pas trop pourquoi, mais ces mondes fantastiques issus directement du cerveau plus ou moins dérangé d’un auteur ne m’ont jamais attiré. Aussi n'ai-je pas lu Le seigneur des anneaux de Tolkien, la référence en la matière. Comment beaucoup de mes contemporains, je me suis simplement contenté de voir l’adaptation cinématographique de cette œuvre… parce qu'il fallait bien accompagner mon fils, devoir de père oblige ! Mais même au cinéma, cela ne m’a guère enchanté, de sorte que je m'endormais généralement dans le premier quart du film tellement je trouvais ça d'un ennui mortel. (À ce propos, le mage Rincevent, le héros du Disque-monde, dit qu’entre la passion et l’ennui, il préfère volontiers l’ennui… et je dois reconnaître, un peu lâchement, que je suis parfois de son avis.) Bref, à tort ou à raison, je n'ai jamais eu envie de lire cette série de romans qu'on ne cesse d’encenser depuis des lustres.... Cependant, un peu par hasard pendant les fêtes de fin d’année, je suis tombé sur le premier tome des Annales du Disque-monde de l’auteur britannique Terry Pratchett. Ma liseuse une fois chargée, j’ai débuté la lecture de cet ouvrage… en me surprenant d’éprouver du plaisir ! Le genre venait de gagner un adepte de plus…

D’emblée je dois préciser une chose : le monde de Pratchett n’a pas grand-chose à voir avec celui de Tolkien. Chez Pratchett, le monde est un immense disque qui repose sur les dos de quatre éléphants géants qui le transportent en se dirigeant, en une marche lente, vers l’infini. Nulle quête de l’anneau… mais une déroute incroyable qui entraîne Rincevent, un mage plutôt raté (il n’a jamais terminé son cours de magie à l’Université de l’Invisible) sur les chemins de ce monde incertain, voire périlleux. Accompagné de Deuxfleurs, un touriste naïf au bagage ambulant, Rincevent essaie de trouver un endroit tranquille pour installer ses pénates, fuyant l’incendie d’Ankh-Morpork… dans lequel il a une part de responsabilité. Bien entendu, sa route est parsemé d’embûches : des dieux et déesses, des trolls, des assassins et voleurs, des elfes, etc. Mais je renonce à vous raconter… tellement cette histoire est farfelue.

Le monde de Pratchett est à l’opposé de celui de Tolkien : il est tordu, baroque, hilarant… et je l’ai aimé autant que j’ai détesté celui de Tolkien. Pour conclure, si vous êtes un fan du Seigneur des anneaux, il est probable que vous ne le serez pas des Annales du Disque-monde.

La Huitième couleur constitue le premier volume de cette série qui en compte trente-neuf… Rédigé en 1983, il a fallu dix ans pour le rendre accessible aux lecteurs francophones. En effet, les éditions L’Atalante, qui diffuse maintenant toute la série en version ePub sans DRM (et à un prix fort raisonnable en plus) a entrepris de la publier en 1993.

Pratchett, Thierry, La Huitième Couleur : Les Annales du Disque-monde, Tome 1. L'Atalande, c1983, 1996. Disponible sur toutes les plateformes et, sans DRM, à la librairie Immatériel.

– Compte rendu de Daniel Ducharme