mardi 30 août 2011

Accent

Wikipédia définit l’accent comme « une particularité de diction d’un locuteur dans une langue donnée. » Il serait propre à une région ou un milieu social et pourrait se caractériser par des altérations du débit, de la prononciation et de l’intonation.

L’accent est en quelque sorte la couleur du langage : il n’est un élément langagier ni négatif ni positif. En conséquence, à l’instar de la provenance géographique d’un individu, il serait parfaitement idiot d’en tirer avantage. Après tout, tout comme on ne choisit pas l’endroit où l’on nait, on ne choisit pas son accent non plus. On l’a, c’est tout et, quoiqu’on fasse, il est à peu près impossible de l’étouffer à jamais. Cela dit, rien n’empêche qu’on puisse le moduler en fonction du lieu où on a élu domicile. Chez un Québécois qui vit en France depuis quelques années, on constate forcément une certaine transformation dans sa manière de parler. Tout comme le Français qui vit au Québec. Pour nous, il a toujours l’accent français mais, quand il retourne en France, on s’accorde à lui trouver un accent québécois. En fait, avec les années, il finit par adopter, bien malgré lui, un accent hybride qui ne ressemble plus à rien, peu importe où il va. Bien entendu, ce phénomène s’applique aussi à toute personne qui pratique une langue étrangère, ce qui donne à cette langue d’emprunt une couleur particulière, que d’aucuns trouvent charmant.

Il ne faut pas confondre l’accent et le parler local qu’on appelle – souvent faussement – le patois (dans les faits, certains patois sont de véritables langues qui, pour toutes sortes de raison, s’éteignent doucement…). L’accent porte sur la façon de prononcer les mots, par sur les mots eux-mêmes.

Se moquer de l’accent de l’autre est une attitude indigne d’un homme accompli. Cela revient à se moquer d’une infirmité, d’un handicap, bref de ce dont on ne peut changer – même si l’accent peut se moduler comme je l’ai mentionné ci-dessus. En écrivant ces mots, il me revient en mémoire une émission à la télévision d’État au cours de laquelle une animatrice se moquait ouvertement d’une chanteuse québécoise qui vivait en France depuis quelques années. Elle s’amusait à lui faire prononcer des mots québécois. Même si la chanteuse se prêtait de bonne grâce à cet exercice destiné à faire rire les imbéciles, il était visible qu’elle se sentait mal-à-l’aise. (Je me demande encore aujourd’hui pourquoi elle n’a pas quitté le studio, comme d’autres l’ont déjà fait en pareille circonstance.) À ce moment-là, je me souviens d’avoir eu honte de l’accueil réservé à cette auteure-compositeure-interprète qui, par la suite, n’est d’ailleurs plus revenue chez nous, pas souvent à tout le moins. Quant à l’animatrice de télévision, elle pratique toujours ce métier débile, animant des émissions de plus en plus stupides, sur un autre réseau.

- Billet de Daniel Ducharme

lundi 22 août 2011

À bout de souffle

Les intrigants d’ici tuent la paix de leur souffle
Moi à l’attendre en vain encore je m’essouffle
Mais je la convoiterai jusqu’à mon dernier soupir,
Jusqu’à mon ultime inspiration pour ne pas voir le pire.

Aujourd’hui, frustré, déçu, lassé, à bout de souffle
Je regarde ce pays qui est le mien moisir et croupir,
Dirigé par des gredins sans vergogne, des maroufles
Qui embrigadent et soumettent les sots à leur empire.

Où êtes-vous, combattants d’hier, opposants aux écoufles,
Face à la corruption aujourd’hui je vous vois s’accroupir,
Vous êtes devenus des révolutionnaires en pantoufles,
Votre courage est au rebut et vos mains dans les moufles.

Vous – et moi – qu’une totale indifférence emmitoufle,
Qu’attendez-vous pour réaliser ce que demain camoufle ?
Aidez-moi à trouver enfin cette paix à laquelle j’aspire,
Dans la résignation et le renoncement, cessons de nous tapir.

Aujourd’hui, frustré, déçu, lassé, à bout de souffle
Je regarde ce pays qui est le mien moisir et croupir,
Dirigé par des gredins sans vergogne, des maroufles
Qui embrigadent et soumettent les sots à leur empire.

– Poème de Michaël Adam