samedi 24 décembre 2011

Un certain Noël !

Noël ! Jour de joie et d’allégresse ! C’est un grand jour : la fête du petit Jésus ! Dans une famille chrétienne, on a installé un sapin cloué en croix sur deux morceaux de bois. Il est beau ce sapin avec ses guirlandes multicolores, ses ampoules allumées et ses bougies. Auparavant, il était joli également alors qu’il vivait au cœur de la forêt. À présent, c’est un jeune sapin en train de mourir, cloué en croix, tout comme Jésus que l’on fête. Il meurt le beau sapin, sans bruit, sans aucune plainte, sans doute parce que c’est la fête du petit Jésus!

Les cadeaux sont nombreux et déposés au pied de l’arbre. La maman, ravie, reçoit un magnifique manteau de fourrure. Un manteau de vison, fait de peaux de pauvres bêtes, prises au piège, mortes dans d’horribles souffrances ou dépouillées vivantes. La maman, extasiée, caresse son manteau avec tendresse. Elle est certaine que ses amies vont être jalouses. Quelle joie pour elle de s’admirer avec ces peaux sur les épaules ! Elle est tellement contente, la maman, elle qui adore les animaux !

C’est au tour de la petite fille de recevoir son cadeau : un adorable petit chien ! "Qu’il est mignon, maman, ce petit chien !" dit la fillette qui le prend et le lance dans les airs, comme elle le fait avec son toutou en peluche. Le petit chien retombe par terre et se brise une patte. La jeune fille pleure. "Ne pleure pas, ma chérie, lui dit sa mère, ce n’est pas grave, demain, on ira voir le vétérinaire". Il venait de loin, ce petit chien. Un marchand l’avait acheté avec ses huit frères et sœurs, enfermés dans une boîte de carton. Trois d’entre eux étaient morts à leur arrivée. Celui-ci, avec sa petite patte cassée a bien de la chance. Il a été adopté par une famille qui adore les animaux !

La maman offre un beau cadeau à son mari. Celui-ci l’ouvre fébrilement et découvre avec joie ce qu’il avait justement demandé : un équipement de chasse au complet. Tout y est, de la casquette jusqu’aux bottes, sans oublier le magnifique fusil de chasse. Tout excité, le papa enfile son équipement, sous les regards admiratifs de son épouse et de sa petite fille. Il est fier le papa ! Il est prêt pour aller tuer les canards, les perdrix et les sarcelles. S’il chasse, c’est que lui aussi il adore les animaux, le gentil papa !

C’est la fête du petit Jésus ! Dans la maison cossue, on a préparé le repas de Noël. Il y a les entrées : des homards que l’on va plonger vivants dans de l’eau bouillante et des cuisses de grenouilles, mutilées vivantes. Il y a aussi la dinde comme plat principal. Une dinde, gavée aux hormones, entassée dans un enclos et forcée de s’alimenter vingt-quatre heures par jour, sous des lumières artificielles, afin d’atteindre le poids d’abattage, le plus rapidement possible. Et tout ça pour célébrer la fête du petit Jésus.

N’est-ce pas ravissant de fêter la naissance du petit Jésus sur les carcasses de tant d’animaux ! C’est d’autant plus ravissant que ni la maman, ni le papa, ni la petite fille, n’ont pensé un seul instant au petit Jésus de toute la soirée.

Le petit sapin et les centaines de milliers de ses frères, cherchent à comprendre pourquoi ils doivent mourir précisément ce jour-là. Ils sont les seuls à se poser des questions ; les seuls à entendre la nature, horrifiée, appeler au secours devant la destruction des forêts, les poumons de la terre. Quelques jours plus tard, on va jeter les sapins desséchés dans la rue, avec les ordures, comprenant les carapaces de homards ébouillantés vivants et les restes des grenouilles, mutilées vivantes et jetées dans un tas, de même que les restes de la dinde, qui n’aura vécu qu’une vie misérable, avant d’être conduite à l’abattoir.

Et pendant ce temps, dans le monde, plus d’un milliard d’enfants n’auront rien à manger pour la fête du petit Jésus. Il y a même un enfant qui meurt de faim à toutes les sept secondes. Des millions d’autres meurent du sida et de toutes sortes de maladies sans recevoir de soins. Ils sont victimes, par millions, de la bêtise et la cruauté des adultes, impliqués dans des guerres barbares. Sans oublier ces milliards d’animaux, torturés dans des laboratoires, dépouillés vivants dans des élevages ou massacrés sans pitié !

AH, CE QU’IL DOIT ÊTRE CONTENT LE PETIT JÉSUS !

– Conte de Jean-Claude St-Louis

***

NDLR : L’auteur tient à préciser qu’il s’agit d’une satire, d’où la référence au petit Jésus.

jeudi 22 septembre 2011

Nos cavernes intérieures

Nos lointains ancêtres vivaient dans des cavernes, des grottes naturelles taillées dans le roc, afin de se protéger des intempéries et des bêtes féroces. On les appelait d’ailleurs « les hommes des cavernes ». La découverte du feu leur a permis de rendre ces lieux habitables, en les éclairant et les réchauffant. La vie était cependant très difficile pour ces êtres primitifs.

Puis les hommes ont évolué. Ils sont sortis des cavernes, ont construit des habitations rudimentaires, puis de plus en plus sophistiquées. De découverte en découverte, ils sont parvenus à créer nos sociétés modernes. L’évolution a permis à l’homme de sortir des cavernes extérieures, mais elle ne l’a pas libéré de ses cavernes intérieures que sont la peur, l’angoisse, le découragement, le désespoir, la dépression, les phobies, les troubles de comportement, etc.

Nos ancêtres préhistoriques se servaient des cavernes comme abris temporaires, alors que beaucoup de gens se servent de leurs cavernes intérieures comme refuges permanents. Nos ancêtres maniaient le feu et le silex pour assurer leur survie physique, alors que plusieurs se servent de la manipulation pour assurer leur survie affective. Les cavernes extérieures étaient des petits domaines où régnaient les plus forts ; les cavernes intérieures, tels la dépression et les autres problèmes de comportement, forment des royaumes où certains ont l’impression de régner en maître.

Les personnes dépressives, dépendantes affectives, etc. sont enfermées dans leur caverne intérieure où elles ressentent une certaine sécurité. Ce sont elles qui décident ! Elles n’ont pas à répondre aux attentes des autres. Il y a des inconvénients, certes, mais il y a aussi de nombreux avantages, dont les principaux sont : l’irresponsabilité et la non-obligation d’affronter les difficultés de la vie. Ces deux avantages sont les pierres angulaires des cavernes affectives modernes.

Certaines personnes semblent douées pour le bonheur alors que d’autres semblent marquées au fer rouge du malheur. Pourquoi la vie est-elle si facile pour certains et si difficile pour d’autres ? Qu’est-ce qui fait que des personnes sont des fonceuses et d’autres des éternelles perdantes ? Ces personnes auraient-elles perdu contact avec les éléments majeurs qui donnent un sens à la vie ? Cet espoir, qui constitue la lumière, les guide-t-il dans le bon chemin ?

L’espoir

L’espoir est un sentiment de confiance qui nous porte à considérer ce que nous attendons comme réalisable. Il est construit sur la conviction que quelque chose de beau, de bien, de positif va nous arriver. L’espoir constitue une aspiration, un élan, une poussée vers l’avant. Il est le moteur de la vie !

L’espoir apporte la sécurité, car il fait disparaître les doutes, les craintes. Il donne confiance, raffermit dans les résolutions. Malheureusement, à l’heure actuelle, l’espoir fait place à l’incertitude, le découragement, la désillusion et même le désespoir. Pourquoi en sommes-nous venus à perdre l’espoir d’une vie meilleure ? Pourquoi tant de gens ont-ils perdu foi en l’avenir ?

La satisfaction

L’espoir nous donne l’énergie dont nous avons besoin pour avancer dans la vie. Pour s’installer, il doit être alimenté par un élément très simple qui s’appelle la satisfaction. La satisfaction procure la joie de vivre. Quand on est satisfait, on est heureux ! Nous ressentons du plaisir et un immense bien-être.

Il y a la satisfaction intérieure qui nous apporte un sentiment de plénitude. Elle est générée par la fierté que nous avons d’avoir accompli quelque chose de beau, de bien ; par la prise de conscience de nos forces et nos qualités : « J’ai accompli cela et j’en suis fier ».

Et il y a la satisfaction extérieure, celle qui procure un plaisir temporaire, soit un besoin à assouvir d’une façon ou d’une autre. Nous pouvons générer cette satisfaction de l’intérieur, ou la prendre à l’extérieur de nous. C’est une chose dont nous avons besoin pour vivre. Cette chose n’est pas nécessairement de grande valeur ; elle est utile, tout simplement.

Conclusion

L’espoir et la satisfaction constituent l’énergie qui nous permet d’aller de l‘avant. Sans énergie, aucun moteur ne peut se mettre en marche. Il en va de même pour nous, humains ! S’il n’y a pas d’espoir, nous stagnons ou nous régressons. S’il n’y a pas de satisfaction, il n’y a pas de bonheur possible.

À lire :

Reid, Louise, Le nouvel âge… des cavernes : les refuges de l’anxiété, Outremont : Quebecor, 2005

mardi 30 août 2011

Accent

Wikipédia définit l’accent comme « une particularité de diction d’un locuteur dans une langue donnée. » Il serait propre à une région ou un milieu social et pourrait se caractériser par des altérations du débit, de la prononciation et de l’intonation.

L’accent est en quelque sorte la couleur du langage : il n’est un élément langagier ni négatif ni positif. En conséquence, à l’instar de la provenance géographique d’un individu, il serait parfaitement idiot d’en tirer avantage. Après tout, tout comme on ne choisit pas l’endroit où l’on nait, on ne choisit pas son accent non plus. On l’a, c’est tout et, quoiqu’on fasse, il est à peu près impossible de l’étouffer à jamais. Cela dit, rien n’empêche qu’on puisse le moduler en fonction du lieu où on a élu domicile. Chez un Québécois qui vit en France depuis quelques années, on constate forcément une certaine transformation dans sa manière de parler. Tout comme le Français qui vit au Québec. Pour nous, il a toujours l’accent français mais, quand il retourne en France, on s’accorde à lui trouver un accent québécois. En fait, avec les années, il finit par adopter, bien malgré lui, un accent hybride qui ne ressemble plus à rien, peu importe où il va. Bien entendu, ce phénomène s’applique aussi à toute personne qui pratique une langue étrangère, ce qui donne à cette langue d’emprunt une couleur particulière, que d’aucuns trouvent charmant.

Il ne faut pas confondre l’accent et le parler local qu’on appelle – souvent faussement – le patois (dans les faits, certains patois sont de véritables langues qui, pour toutes sortes de raison, s’éteignent doucement…). L’accent porte sur la façon de prononcer les mots, par sur les mots eux-mêmes.

Se moquer de l’accent de l’autre est une attitude indigne d’un homme accompli. Cela revient à se moquer d’une infirmité, d’un handicap, bref de ce dont on ne peut changer – même si l’accent peut se moduler comme je l’ai mentionné ci-dessus. En écrivant ces mots, il me revient en mémoire une émission à la télévision d’État au cours de laquelle une animatrice se moquait ouvertement d’une chanteuse québécoise qui vivait en France depuis quelques années. Elle s’amusait à lui faire prononcer des mots québécois. Même si la chanteuse se prêtait de bonne grâce à cet exercice destiné à faire rire les imbéciles, il était visible qu’elle se sentait mal-à-l’aise. (Je me demande encore aujourd’hui pourquoi elle n’a pas quitté le studio, comme d’autres l’ont déjà fait en pareille circonstance.) À ce moment-là, je me souviens d’avoir eu honte de l’accueil réservé à cette auteure-compositeure-interprète qui, par la suite, n’est d’ailleurs plus revenue chez nous, pas souvent à tout le moins. Quant à l’animatrice de télévision, elle pratique toujours ce métier débile, animant des émissions de plus en plus stupides, sur un autre réseau.

- Billet de Daniel Ducharme

lundi 22 août 2011

À bout de souffle

Les intrigants d’ici tuent la paix de leur souffle
Moi à l’attendre en vain encore je m’essouffle
Mais je la convoiterai jusqu’à mon dernier soupir,
Jusqu’à mon ultime inspiration pour ne pas voir le pire.

Aujourd’hui, frustré, déçu, lassé, à bout de souffle
Je regarde ce pays qui est le mien moisir et croupir,
Dirigé par des gredins sans vergogne, des maroufles
Qui embrigadent et soumettent les sots à leur empire.

Où êtes-vous, combattants d’hier, opposants aux écoufles,
Face à la corruption aujourd’hui je vous vois s’accroupir,
Vous êtes devenus des révolutionnaires en pantoufles,
Votre courage est au rebut et vos mains dans les moufles.

Vous – et moi – qu’une totale indifférence emmitoufle,
Qu’attendez-vous pour réaliser ce que demain camoufle ?
Aidez-moi à trouver enfin cette paix à laquelle j’aspire,
Dans la résignation et le renoncement, cessons de nous tapir.

Aujourd’hui, frustré, déçu, lassé, à bout de souffle
Je regarde ce pays qui est le mien moisir et croupir,
Dirigé par des gredins sans vergogne, des maroufles
Qui embrigadent et soumettent les sots à leur empire.

– Poème de Michaël Adam

lundi 11 juillet 2011

Sagesse amérindienne

La grande sagesse des Indiens de l’Amérique du Nord, écrasée par l’arrivée de l’homme blanc, n’a pas complètement disparu. Elle a survécu au génocide de ces peuples, à la disparition des grands espaces sauvages et à l’avance impitoyable du monde moderne.

Ces voix indiennes sont toutefois une réponse au désarroi de l’homme qui a coupé les liens avec la nature. Elles lui enseignent comment retrouver la sérénité, la paix de l’âme. Elles lui font découvrir les secrets de la nature, l’ancienne harmonie qui régnait sur la terre, le chemin du coeur.

Ces préceptes de vie font partie de l’héritage culturel légué au monde par les Indiens d’Amérique. Ils sont un remède à la détresse de l’homme blanc qui a détruit les forêts, pollué l‘air, les eaux, le sol, pour bâtir une civilisation artificielle qui a brisé l’alliance entre les hommes et la nature.

- Il fut un temps où la nature fortifiait l’homme, l’instruisait, le guérissait de ses maux et lui procurait la force de vivre. L’homme était plein de compassion pour la mère terre. Il savait que le coeur de l’homme, éloigné de la nature, se dessèche et devient dur. Ce temps n’est pas totalement disparu. Il suffit de modifier son regard sur les choses, de faire taire le vacarme du monde et de retrouver la parole du coeur.

- Aujourd’hui, les vastes solitudes ont été remplacées par des villes ; les forêts ont été détruites et les rivières empoisonnées. Mais le soleil se lève toujours et les étoiles sont à la même place dans le ciel. Apprends à contempler ce qui ne change pas autour de toi, de même qu’à l’intérieur de toi et tu trouveras la sagesse de l’esprit et la santé du corps.

- Tu n’es pas séparé des autres, enfermé que tu es dans une solitude mortelle, avec tes angoisses et tes peurs. Tourne-toi vers les autres ; apprends à regarder autrement le monde. Éprouve des pensées harmonieuses pour toutes les formes de vie, car tu es le frère ou la soeur de toutes les créatures vivantes.

- Les saisons de la terre sont aussi les saisons de ton âme. Tu t’éveilles au printemps, tu affirmes ta force et ta passion de vivre en été, tu deviens méditatif à l’automne, tu te tournes à l’intérieur et tu contemples le monde en hiver. C’est ainsi que la roue tourne, emportant les vivants et les morts, le soleil et la pluie, la nuit et le jour, dans la danse de l’éternel retour.

- Regarde, mon frère ! Le printemps est revenu ! Chaque graine se réveille ainsi que chaque animal qui a dormi durant de longs mois. C’est à ce pouvoir mystérieux que nous devons notre existence. Voilà pourquoi nous devons concéder à nos voisins, même à nos voisins animaux, autant de droits qu’à nous d’habiter cette terre.

- L’homme et la nature appartiennent au même cycle des transformations et des recommencements. L’un est le reflet de l’autre. Qu’il soit animal, végétal ou minéral, il s’agit du même corps vivant, infini, éternel.

- Apprends à goûter l’instant de la beauté des choses, le vol d’un oiseau, le bruissement du vent, le murmure de l’eau, la pénombre mystérieuse d’un sous-bois. Deviens comme l’enfant qui s’étonne de tout. Alors tu feras l’expérience du monde à travers ton propre corps.

- Tout passe : les heures, les nuages dans le ciel, la vie des hommes, emportées par les naissances et les morts. Ne t’attache pas la chronologie des choses. Fais de chaque seconde une expérience enrichissante, sans t’inquiéter du temps qui fuit et des matins qui ne reviennent plus. Le présent est la seule chose qui n’ait pas de fin.

- Celui qui ne respecte pas l’animal, la montagne, l’eau des rivières ; celui qui blesse la terre et empoisonne l’air qu’il respire, celui-là méprise la merveilleuse vie. Il ne sait plus voir la beauté simple des choses qui accompagne chaque geste de la vie et protège l’homme depuis son enfance, comme un oiseau aux ailes d’or.

- N’aie pas peur des contraires, des oppositions qui divisent le monde et créent l’illusion que tout est séparé. Cette vision est source de conflits, de souffrances et de luttes perpétuelles. La nuit n’est pas l’ennemie du jour, pas plus que la mort n’est l’ennemie de la vie. Il faut la rencontre du feu et de l’eau, du soleil et de l’humidité pour créer le merveilleux arc-en-ciel.

- Demande au grand silence de la forêt : “Quel est ce silence ?” Il te répondra : “C’est le Grand Mystère ! le silence sacré est sa voix, depuis l’aube du monde” Si tu lui demandes : “Quels sont les fruits du silence ?” il te dira : “La maîtrise de soi, le courage, la persévérance, la patience, la dignité et le respect”. Apprends à interroger le silence. Il est la terre intérieure, l’espace sacré où s’enracine ton esprit.

- Les drames humains et les catastrophes naturelles ont la même source : l’homme s’est éloigné du coeur de la nature qui est aussi son propre coeur. En oubliant la vie sensible, l’homme a fini par s’oublier lui-même. L’Indien savait que la perte du respect dû à toutes les formes de vie: humaine, animal et végétal, conduisait à ne plus respecter l’homme. Aussi, maintenait-il les jeunes enfants sous la douce influence de la nature.

- Si tu veux vaincre la peur de la mort, regarde la nature qui t’entoure. La nature ne connaît pas le froid de la mort, l’immobilité, l’arrêt de la vie. Au printemps, elle exprime la jeunesse, la passion de vivre, la générosité. En hiver, elle rêve, repliée sur elle-même, renouvelle ses forces et prépare le retour du printemps. Considère ta propre mort comme un sommeil réparateur. Tu n’es pas différent de la nature.

- Ne considère pas seulement la nature comme un cadre dans lequel tu peux t’épanouir, guérir les maladies de ton âme et celles de ton corps. La nature n’est pas extérieure à ton esprit. Il ne s’agit pas d’un monde différent, éloigné et difficile à comprendre. Malgré le jeu des apparences, nous formons tous un seul esprit.

- La nature toute entière est contenue dans l’esprit d’un seul homme. Attiré par le reflet des apparences, l’homme regarde du mauvais côté, soit à l’extérieur. Il faut apprendre à tourner ses yeux à l’intérieur de soi.

– Billet de Jean-Claude St-Louis

Référence:

Préceptes de vie issus de la sagesse amérindienne : sérénité, amour, pouvoir, guérison, plénitude ; présentés par Jean-Paul Bourre. Paris : Presses du Châtelet, 2010.

jeudi 9 juin 2011

Livres numériques

Revue non exhaustive des sites de téléchargement de livres numériques libres de droit.

FEEDBOOKS. Sur ce site vous pouvez accéder à des milliers de titres libres de droit et ce, en quatre formats : ePub, Kindle, PDF et Mobipocket. Sur la page d’accueil, vous n’avez qu’à cliquer sur l’onglet « domaine public » pour ensuite, si vous le désirez, affiner votre recherche par auteur ou par catégorie. En général, les ebooks en provenance de ce site sont de bonne qualité. Pour cette raison, je vous recommande de l’inscrire dans vos marques-pages.

BIBLIOTHÈQUE ÉLECTRONIQUE DU QUÉBEC. Ce site est en quelque sorte un pionnier dans la promotion du livre numérique libre de droit. Il compte environ 2500 titres en différents formats : ePub, Mobipocket, eReader, PDF, etc. Puisque le projet repose sur le travail de la communauté, tous les ebooks ne sont pas aussi bien faits que sur Feedbooks.

LIVRES ET EBOOKS. Dans le même esprit que le précédent, ce site propose en téléchargement 4500 oeuvres du domaine public. La plupart des titres sont offerts en format PDF avec une variante pour téléphones mobiles.

IN LIBRO VERITAS. Voici un site qui se distingue des autres en offrant un grand nombre de documentaires, c’est-à-dire d’œuvres scientifiques et techniques. En plus des livres numériques libres de droit, les auteurs peuvent offrir librement leurs œuvres. On peut alors faire un don si on le souhaite.

PROJECT GUTENBERG. On peut aussi trouver pas mal de bouquins – avec une mise en page qui laisse parfois à désirer, toutefois – dans la section francophone du Project Gutenberg, un projet de numérisation initié à Chicago au début des années 1971 par Michael Hart. Ce site offre aux lecteurs des milliers de livres en différents formats : HTML, txt, RTF et, bien entendu, ePub.

GOOGLE BOOKS. Un projet qui se passe de présentation et que vous trouverez sans problème en cliquant sur l’onglet « livres » de votre fureteur.

– Billet de Daniel Ducharme

vendredi 20 mai 2011

Organiser sa bibliothèque avec Calibre

Avant de vous proposer un modèle de liseuse adapté à vos besoins, vous devez passer par une première étape qui, à mon avis, s’avère pratiquement incontournable : l’organisation de votre bibliothèque sur votre ordinateur. En effet, trop de gens arrivent à la maison avec une Kobo ou une Sony sans savoir ce qu’ils vont mettre dedans. Et là ils peinent à comprendre la logique des librairies affiliées à ces fabricants. Ensuite, ils finissent par délaisser leur appareil pour retourner à la librairie de leur quartier qui, par ailleurs, est sur le point de fermer ses portes...

Avant toute chose, vous montez votre bibliothèque et, pour ce faire, vous vous rendez sur le site de Calibre E-book management. Une fois sur le site, vous téléchargez en cliquant sur l’onglet bleu "Dowload Calibre", puis sur "Windows" s’il s’agit bien du système d’exploitation de votre ordinateur. L’interface de Calibre et son manuel d’utilisation sont en anglais, mais le logiciel supporte de nombreuses langues, dont le français. Bon, une fois le fichier téléchargé, vous l’installez en double cliquant dessus.

Une fois le logiciel installé, vous l’ouvrez... Calibre est un logiciel libre, certes, mais très sophistiqué. Il permet non seulement de charger les ebooks (onglet : "Ajouter des livres") qui se trouvent sur le disque dur de votre ordinateur, mais également de les décrire et de les classer (onglet : "Modifier les métadonnées"). Ainsi vous aurez la certitude que vos auteurs préférés seront tous nommés de la même manière. Par exemple, vous n’aurez pas ce genre de confusion qui se produit immanquablement quand on laisse faire les autres au lieu de faire soi-même : Berger, Allan Erwan / Allan E. Berger / Allan Erwan Berger / Erwan Berger...

Vous gardez le contrôle d’autorité sur les auteurs et les titres de votre bibliothèque. Par ailleurs, vous attribuez vous-mêmes les étiquettes de vos livres : romans français, romans québécois, romans policiers, philosophie, etc. Chez Calibre, une étiquette correspond à une catégorie ou à une collection. Dans les écosystèmes de la Sony eReader et du Kindle d’Amazon, l’étiquette correspond à la collection et, dans celui de Kobo, aux "étagères". Bref, vous organisez votre bibliothèque comme vous l’entendez, comme vous le faites vous-mêmes pour vos livres papier.

Calibre permet beaucoup plus que la description et le classement de vos livres numériques. Il permet aussi de les convertir, notamment, mais de cela nous parlerons plus tard.

Bon, vous avez apprivoisé Calibre ?

– Billet de Daniel Ducharme

lundi 11 avril 2011

Le père Goriot : Un personnage d’actualité

Innombrables sont les commentaires et les analyses effectuées sur cette œuvre de génie écrite par un Balzac frustré et endetté à vie, nous présentant un des aspects sordides de la société de son temps décrite avec une précision et un réalisme étonnants : Le père Goriot.

De cet ouvrage percutant par l’authenticité et l’actualité de ses personnages, je voudrais souligner uniquement les rapports parentaux existant entre ce riche bourgeois déchu, déshonoré, et ses deux filles qu’il aime d’une façon exagérée et qui vont le dépouiller non seulement de sa fortune, mais aussi de sa santé et de sa vie.

A mon sens, il se pourrait que Balzac ait décrit les rapports entre le vieillard et ses deux filles sur la base de sa propre expérience. En effet, l’indifférence glaciale de la mère de l’écrivain à l’égard de son fils et l’apathie dont fait preuve son père vont engendrer chez le jeune Honoré un sentiment de frustration, de rancune et de mélancolie qui l’habiteront et le poursuivront toute sa vie. Dès sa naissance, le jeune Balzac connaitra les nourrices, les pensions, la froideur, voire la méchanceté, et l’éloignement de sa propre famille. Sa mère refusait même de se promener avec lui. Jamais elle ne lui donnait de caresses, jamais elle ne l’embrassait. « Ah, si vous saviez quelle femme était ma mère », dira un jour Balzac à Madame Hanska, « un monstre et une monstruosité tout ensemble. Elle me haïssait même avant ma naissance. C’est une blessure qui ne pouvait guérir... »

Il n’est donc pas improbable que Balzac ait effectué une transposition, une sorte de substitution psychologique - consciente ou inconsciente - de ses propres rapports parentaux avec ceux des héroïnes de l’œuvre. En d’autres termes, il n’est pas exclu que dans cette œuvre magistrale Balzac ait substitué sa mère aux filles Goriot dans cette comédie humaine qui fut d’abord la sienne.

La seule figure du désintéressement dans ce roman de Balzac est celle du père Goriot, victime complaisante de son amour paternel poussé à l’extrême, qui paiera de sa vie sa dévotion envers ses filles. L’image du père Goriot est celle d’un homme qui développe le sentiment de l’amour paternel jusqu’à la folie et jusqu’à la mort, dans le dénuement le plus complet.

En outre, mis à part leur langage littéraire aujourd’hui désuet, le père Goriot et ses filles sont, par leur comportement, des personnages très actuels. L’hypocrisie, le mensonge et l’appât du gain dans ce bouillon de culture bourgeois et aisé du Paris de l’époque sont très certainement transposables à notre époque, à chaque pays, à chaque société, à notre proche entourage.

– Billet de Michaël Adam

vendredi 7 janvier 2011

Le soleil des Scorta (Laurent Gaudé)

J’ai eu envie de lire un roman dont l’auteur a remporté le prix Goncourt. Alors, en parcourant le Web, je suis tombé sur un site consacré aux prix littéraires qui fournit, entre autres choses, la liste de tous les romans primés au Goncourt depuis 1903. Un peu par hasard, mon choix s’est arrêté sur ce roman de Laurent Gaudé, un auteur qui m’était inconnu jusqu’à ce jour.

Le soleil des Scorta est un roman tellurique, un roman dont les personnages sont fortement attachés à la terre, en l’occurrence au village de Montepuccio en Italie du sud. Il s’agit d’une saga familiale, une saga qui ne ressemble pas pourtant aux sagas familiales dont nous ont habitués des auteurs français comme Max Gallo avec, par exemple, sa trilogie de La Baie des anges (Laffont, 1975). Non, dans sa saga, Laurent Gaudé va à l’essentiel, empruntant davantage le style du nouvelliste que celui du romancier.

L’histoire débute vers 1870 dans ce petit village de la côte de Pouilles où le premier Scorta, né d’un vaurien et d’une mère décédée en couche, va grandir en semant la terreur dans la région. À la fin de sa vie, riche et respectée, il lèguera tout à l’église du village, laissant sa fille et ses deux fils dans le dénuement. Ceux-ci devront repartir de zéro, comme son père l’a fait avant eux. Après une tentative d’immigration ratée à New York, les enfants reviennent à Montepuccio pour s’y établir. Ils trimeront dur jusqu’à ce qu’ils puissent ouvrir une tabagie. Mariés, le clan s’agrandira grâce aux enfants qui naissent de leurs unions.

Dans un style sobre et dépouillé, l’auteur recourt à la narration omnisciente pour raconter l’histoire des Scorta. Pour rompre un peu le côté statique du style, il a la bonne idée de clore chacun des dix chapitres du récit par la confession de Carmela, fille de Rocco, le premier des Scorta, et mère d’Elia, le dernier de la lignée à s’exprimer sur le chemin parcouru par cette famille qui, au cours des cent vingt années que compte son histoire, a vaincu la faim, la misère et, surtout, la malédiction qui pesait sur elle. À la fin du récit, Anna, fille d’Elia, décide de quitter Montepuccio pour étudier la médecine à Bologne tout en ayant conscience que le sang des Scorta coule en elle. L’histoire, toutefois, ne dit pas si elle reviendra au village ses études terminées.

Pour aimer ce livre, le mot « racine » doit avoir une résonance positive pour vous, de même que le mot « clan » qui demeure la clé de voûte de ce roman dans lequel la terre, le soleil et les humains finissent par fusionner pour arborer les traits d’un personnage à part entière. Si, comme moi, vous venez de la ville, qu’au concept de racine vous préférez celui d’origine, et que votre monde dépasse celui que constituent votre mère, vos frères et sœurs et vos oncles, alors peut-être que vous lirez ce roman en diagonale, sans trop y croire. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un bon roman et qu’il s’est trouvé 80 000 lecteurs pour le lire, ce qui atténue considérablement la portée négative de cette critique. Néanmoins, en décrivant la vie des Scorta, l’auteur donne l’impression que la vie d’un homme ou d’une femme se réduit à quelques données factuelles. Ce n’est peut-être qu’une impression, souvent fausse comme la plupart des impressions. Cela dit, rien ne m’empêche de penser que des valeurs comme la terre et le sang, en ce siècle de migrations internationales, ne peuvent justifier une existence. En voulant trop aller à l’essentiel, on risque de passer à côté de quelque chose. La vie, sans doute.

Né le 6 juillet 1972, Laurent Gaudé vit à Paris. Diplômé d’études littéraires, il consacre son temps à l’écriture de pièces de théâtre dont certaines sont jouées, notamment en France et en Allemagne. Il a écrit trois romans - Cris (2001), La Mort du roi Tsongor (2002) et Le Soleil des Scorta (2004) - tous publiés chez Actes Sud.

– Compte rendu de Daniel Ducharme